Design Fiction - 2020
Perspectives d’après covid 19
Alors que nous sommes au début du premier confinement, en mars 2020, nous avons réfléchit à un futur post-covid 19. Cette fiction visait à construire une projection dans l’ordre des possibles afin d’explorer ce futur et d’en saisir les nuances. Projet mené avec Marjolaine Simone et Alexia Drevon.
En partant de la peur suscitée par la pandémie, nous avons exploré les réactions et les phénomènes du présent. Le confinement a pu révéler des situations d’inégalité déjà présentes auparavant : conditions de logement, territoires et conditions de travail. Parallèlement, en début de pandémie on a pu voir que les élites se faisaient toucher par la maladie, plus rapidement de par leur relations voire de par leur manque de précaution. Alors on voit survenir un appel au Karma, au « retour de bâton » pour cette élite qui a souvent sous-estimé la maladie. Ainsi la situation a vu naître ou amplifier une part d’irrationalité dans les raisonnements. La contradiction entre de la situation de l’hôpital avant la crise et les applaudissement ont également fait naître cette irrationalité, accentuée par la contradiction des informations qui parvenaient aux individus au début de la crise. Face à cette perte de repères, les applaudissements deviennent un rituel comme pour éloigner la maladie ou se donner bonne conscience. Le désintérêt global envers l'hôpital public avant la crise se transforme en prise de conscience de son état.
À partir de ce constat d'augmentation des réactions irrationnelles, nous nous sommes projeté sur un futur de cette situation. Que se passerait-il dans un avenir où l’irrationalité gagne du terrain, où la parole scientifique en perd et où les modes de vie s'organisent pour répondre à la peur plus que pour répondre aux faits ? Nous avons choisi de nous concentrer sur ce que deviendrait un monde où l'hygiénisme prendrait de l'ampleur, se ritualiserait. Si, par delà le précautionneux, nous développions un désir d’aseptisation de nos modes de vie pour tendre vers le risque 0. Ainsi nous avons établi une chronologie de cette fiction afin d'en explorer les nuances.
A partir de la chronologie de la fiction, nous avons cherché à interroger différentes situations en y appliquant une logique d’hygiénisme. Ainsi que serait une école où les enfants doivent limiter les contacts avec les surfaces partagées, doivent regarder les distanciations sociale ? Pour modéliser cette fiction nous avons conçu des artefacts de ce futur : des objets témoignant des usages en place. Dans l'école, le revêtement de sol est pensé pour respecter la distanciation sociale. Très vite l'école adopte la nouvelle gamme de pâte à modeler Play Doh Clean -une formule enrichie aux agents anti-bactériens- et des jeux à plusieurs par écrans interposés. De multiples labels font leur apparition : école certifiée hygiéniste, label propreté certifié ISO, devenant obligatoire dans les lieux publics. Partout les technologies vocale et haptiques se développent pour éviter le contact avec les objets. Cela occasionne de nouveau rituels : quand on entre dans l'ascenseur on se place sur le marquage au sol et tout le monde se tait pour nous laisser annoncer notre étage. On observe le retour de quelques petit métier : liftiers, verseurs ou serveurs dans les supermarchés pour éviter aux clients d'avoir à toucher des objets. Les objets désinfectants par balayage UV se multiplient : une machine au bureau pour y désinfecter clés et téléphone, un bac à manteau à l'entrée de la maison ou encore des téléphones à balayage UV d'écran. Pourtant une opposition à ces modes de vie apparaît rapidement. Le Comité de la Régulation de l'Hygiène, créé par des médecins, alerte du danger de ce mode de vie sur notre système immunitaire. Ils sont bientôt rejoint par des pédopsychiatres dénonçant l'impact de telles méthodes sur le développement des enfants. Les petits métiers, rapidement remplacés par de l'automatisation, enchaînent les grèves.